
L’indépendance est souvent perçue comme une force. Dans le développement personnel, elle est valorisée comme l’accomplissement ultime : apprendre à se suffire à soi-même, ne pas dépendre des autres, être maître de sa vie. Mais derrière cette quête d’autonomie se cache une dynamique plus profonde et inconsciente : celle de prouver que nous pouvons exister séparément de Dieu.
Ce désir d’indépendance absolue, que nous voyons comme une liberté, est en réalité une illusion soigneusement entretenue par l’ego. Nous croyons être plus forts en étant autonomes, mais ne faisons-nous pas qu’alimenter un isolement subtil ? Le Cours en Miracles nous rappelle que l’indépendance n’est qu’un mirage et que la vraie liberté réside dans la reconnaissance de notre interdépendance avec tout ce qui est.
L’Indépendance : Une Stratégie de l’Ego
Depuis notre enfance, on nous enseigne que grandir signifie devenir autonome. Pouvoir faire les choses tout seul est une fierté, un passage vers la maturité. Mais cette quête d’autonomie repose sur une croyance sous-jacente rarement questionnée : celle que nous sommes séparés et devons prouver notre valeur individuellement.
“Tu ne te rends pas compte que ce que tu as fait pour te libérer de Dieu t’a enchaîné au monde.” (UCEM)
L’ego nous fait croire que l’indépendance nous rendra plus forts, plus libres, plus en sécurité. Pourtant, cette indépendance cache souvent une peur plus profonde : celle de l’abandon, du rejet, ou pire encore… celle de devoir s’abandonner totalement à l’Amour.
Nous recherchons un contrôle absolu, pensant ainsi être à l’abri de la souffrance. Mais ce que nous appelons liberté est parfois un repli, un moyen subtil de nous protéger de l’inconnu et d’éviter la dissolution du « moi » dans quelque chose de plus vaste.
Ironiquement, c’est en cherchant à être totalement indépendants que nous nous privons de la seule véritable force qui existe : l’unité.
L’Illusion du Choix et de la Liberté
Nous pensons que la liberté vient de notre capacité à choisir. Dans ce monde, nous valorisons les décisions autonomes : choisir sa carrière, son partenaire, son mode de vie… Mais ces choix sont-ils vraiment un signe de liberté ?
“Les choix du monde ne sont que cette sélection entre les illusions. Tout ce que l’on choisit prend une forme, car il est choisi à l’intérieur d’un monde de formes. Or, aucune forme n’a de signification.” (UCEM)
Nous avons l’illusion d’un libre arbitre, mais en réalité, nous ne faisons que choisir entre différentes versions du même rêve. Peu importe que nous changions de travail, de pays ou de relations : si notre état d’esprit reste le même, nous ne faisons que déplacer le décor, sans jamais remettre en question l’origine même du rêve.
C’est comme changer les meubles d’une maison en ruine en espérant qu’elle devienne neuve. Peu importe combien d’options nous explorons, tant que nous cherchons la liberté dans le monde de la séparation, nous la cherchons là où elle n’est pas.
“Le libre arbitre n’est pas la liberté. Être libre, c’est seulement être tel que Dieu t’a créé, et ne pas accepter d’autre chose pour vérité.” (UCEM)
La véritable liberté n’est pas dans la multiplication des choix, mais dans l’abandon de l’illusion du choix. Ce n’est pas ajouter toujours plus d’options, mais reconnaître qu’il n’y a, au fond, qu’une seule décision à prendre : se souvenir de l’Amour ou continuer à le fuir.

Le Rejet de l’Amour Déguisé en Indépendance
Nous avons souvent peur de l’Amour plus que nous n’avons peur de la solitude. L’Amour réel ne laisse aucune place aux demi-mesures : il ne permet pas de garder un pied dehors, d’avoir une porte de sortie « au cas où ».
“Tu crois que si tu cédais totalement à l’Amour, tu serais arraché à toi-même. Or, l’Amour ne peut t’ôter que ce qui n’est pas réel.”(UCEM)
C’est pourquoi nous préférons nous accrocher à une illusion d’indépendance. Nous voulons être libres, mais à nos conditions. Nous voulons aimer, mais sans perdre le contrôle.
En vérité, nous ne refusons pas l’amour parce qu’il est difficile à trouver, mais parce qu’il est trop absolu. Il demande un abandon total, une dissolution de l’ego que nous passons notre vie à essayer d’éviter.
Nous croyons donc choisir l’indépendance, alors qu’en réalité, nous choisissons la séparation.
L’Interdépendance : Une Nouvelle Vision de la Liberté
Si l’indépendance absolue est une illusion, la dépendance totale ne l’est-elle pas aussi ? Le Cours en Miracles nous invite à dépasser ces extrêmes pour reconnaître une autre réalité : l’interdépendance consciente.
Contrairement à la dépendance émotionnelle, qui repose sur le manque et l’attente, l’interdépendance consciente repose sur :
• La reconnaissance que nous ne sommes jamais séparés, même si nous semblons être des individus distincts.
• Le fait que chaque relation est une opportunité de guérison et de pardon.
• Une connexion à l’autre qui n’est pas basée sur un besoin, mais sur une extension naturelle de l’amour.
“Les relations saines ne reposent pas sur le besoin, mais sur l’extension de l’amour qui est déjà présent.” (UCEM)
Dans cette vision, nous ne cherchons plus à prouver notre valeur par la performance ou la réussite individuelle. Nous ne tentons plus de nous suffire à nous-mêmes, mais acceptons que nous sommes déjà suffisants dans notre reliance avec tout ce qui est.
C’est comme un océan : chaque goutte d’eau semble distincte, mais elle fait en réalité partie d’un Tout indivisible.
Le Retour à Dieu : Accepter l’Unité au Lieu de la Lutte
Nous avons passé notre vie à croire que nous devions nous battre pour notre liberté. À prouver que nous pouvions nous en sortir seuls. Mais avons-nous déjà considéré que nous n’avons jamais eu besoin d’être indépendants ?
“Ce que tu es t’a été donné. Ta seule décision est d’en faire l’expérience ou non.” (UCEM)
La véritable liberté ne se trouve pas dans le fait de pouvoir tout gérer seul, ni dans la multiplication des choix illusoires. Elle réside dans l’abandon du besoin de contrôler et dans la reconnaissance que nous sommes déjà en sécurité, déjà aimés, déjà complets.
Nous ne sommes pas ici pour prouver notre autonomie, mais pour nous rappeler que nous n’avons jamais quitté Dieu.
Alors, au lieu de chercher à être libres de tout, et si nous apprenions à être libres en tout ? Non pas en nous coupant du monde, mais en nous rappelant que nous ne l’avons jamais quitté.
Et si notre plus grande peur n’était pas la dépendance… mais d’être totalement libres en Dieu ?
Comments