La joie qui rend le chemin possible – Retraite & non-dualité
- Alison Sarah

- 21 oct.
- 4 min de lecture

Quelques jours avant la retraite, j’ai senti quelque chose de différent.
Une intuition douce mais profonde, comme une évidence silencieuse : ce groupe-là… il va être spécial.
Une joie sans raison m’envahissait. Pas l’excitation de ce qui allait venir, mais cette paix vivante qui précède les miracles. Cette sensation que tout est déjà accompli, que la rencontre a déjà eu lieu quelque part dans le cœur.
Et je ne m’étais pas trompée.
Dès les premiers instants, une magie subtile a commencé à se tisser.
Certains groupes viennent pour guérir, d’autres pour comprendre, d’autres encore pour simplement respirer. Chacun est accueilli exactement là où il en est, sans attente ni exigence.
Mais cette fois, c’était autre chose.
Il y avait dans l’air une disponibilité rare.
Des cœurs prêts à s’ouvrir. Des âmes prêtes à se reconnaître.
Sur cette retraite, il n’y avait pas deux facilitateurs… il y en avait seize.
Chaque regard, chaque étreinte, chaque silence portait la présence du Christ en soi, cette conscience partagée qui sait que donner et recevoir ne font qu’un.
Il y a des groupes, que l'on ressent si profondément relié, aussi naturellement tourné vers l’autre.
Et pourtant, nous réalisons ensemble, ce n’était pas “l’autre”.
C’était soi, sous mille visages.
Comme le dit si bien la tradition de l’Ayahuasca :
“Sanas tú, sano yo.”
Quand tu guéris, je guéris.
Parce qu’il n’y a pas de séparation.
Durant les intégrations, plusieurs ont confié avoir ressenti cela :
à chaque libération, à chaque larme, à chaque purge, c’était comme si tout le groupe respirait à nouveau.
La douleur d’un seul devenait la guérison de tous.
Le miracle de l’un rejaillissait silencieusement sur chacun.
Et c’est là que la non-dualité cesse d’être un concept : elle devient expérience.
Ce n’est pas que “nous sommes un”,
c’est que tout est un seul mouvement de conscience qui se reconnaît à travers des formes multiples.
Quand je crois que l’autre me dérange, m’épuise ou me vole mon énergie, je ne fais que renforcer l’idée que nous sommes séparés.
Mais quand je me rappelle que je ne fais que regarder une autre partie de moi-même, un rêve, un reflet, une mémoire à aimer, alors tout s’apaise.
Il n’y a pas d’autres.
Il n’y a que toi, sous des formes différentes, en train de se rappeler l’amour.
La différence n’est qu’un effet de perspective, née du besoin de se sentir spécial, distinct, unique.
Mais à mesure que la lumière de la joie se répand, cette illusion perd sa force.
On ne cherche plus à être “quelqu’un de spirituel”, on ne veut plus “réussir son chemin” : on se laisse simplement aimer.
La joie, ce moteur silencieux
Pas la joie bruyante ou euphorique, mais cette paix vibrante qui sait que tout est déjà accompli, même dans les moments de tristesse.
On cherche souvent à « s’éveiller », à « se purifier », à « transcender », comme si Dieu, l'AMOUR ! attendait de nous une performance.
Mais la Vérité n’a rien à prouver.
Elle ne demande pas que l’on devienne autre chose, seulement que l’on se souvienne.
Et dans ce souvenir, il y a le rire.
Le rire de Dieu, qui n’est pas moquerie, mais reconnaissance joyeuse du rêve.
Ce rire qui naît quand on se rend compte que l’on s’est pris très au sérieux,
que l’on a cru à nos peurs, à nos blessures, à nos drames,
alors qu’en réalité, tout cela n’a jamais pu altérer ce que nous sommes.
La joie est ce rire intérieur, cette légèreté qui s’élève quand on cesse de défendre l’illusion.
Elle n’exige rien, ne corrige rien : elle révèle simplement que tout est déjà pardonné.
Et quand elle s’installe, les résistances fondent d’elles-mêmes.
Il n’y a plus besoin d’effort.
Seulement d’une douce réceptivité, d’une confiance enfantine.
Un chemin sans effort
Ce que j’ai vu pendant cette retraite, c’est cette évidence :
quand la joie est là, le chemin devient simple.
Tout se réorganise sans qu’on ait à forcer quoi que ce soit.
Les compréhensions viennent naturellement, les libérations se font sans drame, les cœurs s’ouvrent sans qu’on les pousse.
La joie n’est pas naïveté ; c’est le signe que l’Esprit conduit la danse.
Elle naît quand on cesse de croire qu’il faut « faire » quelque chose pour mériter la paix.
Elle surgit dès qu’on accepte de ne plus savoir, de ne plus contrôler, de se laisser respirer par la Vie.
C’est elle, la véritable pratique.
Pas la lutte contre nos pensées, pas la chasse à l’ego,
mais la confiance douce dans ce qui est déjà fait.
Une seule lumière
Quand je repense à ce groupe, je revois seize visages, seize miroirs,
et en réalité, une seule lumière.
Une lumière qui se découvrait à travers chacun, sous des formes si diverses,
mais qui vibrait du même amour.
Certains avaient besoin de pleurer, d’autres de rire, d’autres encore de se taire.
Mais tous, au fond, étaient au service du même élan : celui du souvenir.
Et c’est là que tout prend sens :
il n’y a pas d’enseignants et d’élèves, pas de facilitateurs et de participants.
Il n’y a que l’Amour qui s’enseigne lui-même, à travers ceux qui ont oublié et ceux qui se rappellent.
Nous sommes les deux à la fois, à chaque instant.
Et si la Joie était notre prière la plus haute ?
Elle n’a pas besoin de mots.
Elle n’attend pas de résultat.
Elle est pure offrande, pure présence.
Et quand elle nous traverse, le monde change sans qu’on y touche.
Parce qu’en réalité, il n’y a jamais eu de monde à changer,
seulement un esprit à reconnaître innocent.
C’est cette joie-là que j’ai vue, ressentie, respirée durant cette retraite.
Celle qui rend le chemin possible, parce qu’elle est le chemin lui-même.
Celle qui nous rappelle, dans le silence, que tout est déjà accompli.

Un immense merci à tous nos frères et sœurs
à ceux de cette dernière retraite et à ceux de toutes les précédentes.
À travers chacun de vos regards, de vos partages, de vos silences,
la mémoire de l’Unité s’est à nouveau ouverte.
Ensemble, nous levons les voiles de la séparation.
Ensemble, nous nous souvenons de ce que nous n’avons jamais cessé d’être.
Un seul Esprit, une seule lumière, mille visages d’un même amour.
Merci pour votre présence, pour votre courage,
pour cette sincérité avec laquelle vous avez tout offert,
vos larmes, vos rires, vos résistances, vos élans.
Chaque instant partagé a été une prière vivante,
un pas de plus vers la reconnaissance de la Joie que nous sommes.





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