Quand quelqu’un attaque ton innocence : un miroir parfait pour apprendre à pardonner
- Alison Sarah

- 21 nov.
- 9 min de lecture

Je t’écris ces lignes dans un entre-deux étrange :
entre ciel et terre, installée dans l’avion qui m’emmène au séminaire de Gary Renard.
Et pendant que les nuages se déploient sous moi,
je repense à ce qui s’est passé ces derniers mois.
Cette année, par deux fois, deux personnes qui n’ont absolument aucun lien entre elles m’ont dit exactement la même phrase :
« Tiens, c’est bizarre…
ce que tu vis me fait penser aux deux derniers pardons enseignés par Arten et Pursah :
le pardon de la mort… et le pardon de la réputation. »
Deux fois.
Le même message.
Le même angle.
Et je dois l’admettre :
en regardant honnêtement mon année, c’est exactement ce qui s’est présenté à moi, parfois de manière douce, parfois de manière brutale :
la mort, avec tout ce que cela a ouvert dans mon cœur,
puis la réputation, avec toute la peur que cela a réveillée.
Deux pardons extrêmes.
Deux terrains où l’ego pense encore pouvoir s’accrocher.
Deux opportunités de libération qui m’ont traversée sans me demander mon avis.
Et en m’installant dans ce siège, j’ai senti que ce n’était pas un hasard.
Que quelque chose voulait être dit,
posé,
reconnu,
pardonné.
Alors j’écris.
Parce que ce chemin m’a transformée plus que je ne veux bien l’admettre.
Parce que le pardon n’est jamais théorique.
Parce qu’il prend notre vie et en fait son terrain d’apprentissage.
1. L’attaque n’est jamais ce qu’elle paraît : reconnaître le point sensible
Quand la situation a éclaté, ce qui m’a touchée n’était pas le contenu en lui-même :
c’était la précision avec laquelle cela touchait un endroit encore vivant en moi.
Une vieille peur, discrète mais persistante :
la peur d’être mal comprise,
la peur qu’on me prête des intentions fausses,
la peur de passer pour ce que je ne suis pas,
la peur que mon image soit salie.
C’est subtil, mais profond.
Et tant que cette peur est là, même sous forme de trace, elle peut être activée.
J’ai compris immédiatement :
ce n’était pas l’autre qui me blessait, c’était une croyance non pardonnée en moi qui demandait à être vue.
L’attaque n’était pas une attaque.
C’était un miroir.
Un miroir précis, intelligent, presque chirurgical.
Un miroir qui me montrait l’endroit encore fragile.
2. Derrière la forme : voir la souffrance qui déborde
Très vite, j’ai cessé de regarder la forme.
Les mots ne sont jamais le cœur de la situation.
Ce que j’ai vu en premier, c’était sa souffrance.
Une souffrance vraie, viscérale, impossible à contenir autrement.
Je voyais :
un trop-plein émotionnel,
des traumas récents encore à vif,
de vieilles blessures qui se superposaient,
un sentiment d’impuissance,
de la peur,
et ce besoin urgent de projeter ce qu’il ne savait plus gérer seul.
Ce jour-là, l’exutoire, c’était moi.
Pas parce que je le méritais :
mais parce que la souffrance cherche toujours à sortir quelque part.
Quand j’ai vraiment vu ça,
quelque chose s’est retourné.
Il n’y avait plus d’ennemi.
Il n’y avait qu’un être humain dépassé,
et une douleur trop lourde pour lui seul.
3. Le miroir : ce que cela réveillait réellement en moi
Mais la clé n’était pas ce qu’il vivait,
c’était ce que moi je vivais.
Ce que la situation réveillait en moi était :
la peur d’être mal vue,
la peur qu’on remette en question mon innocence,
une sensibilité à l’injustice,
un reste d’identification à une image sociale,
un attachement subtil à « comment on me perçoit ».
Et je l’ai vu clairement :
on ne peut être touché que là où on s’identifie encore au personnage.
Cette prise de conscience n’était pas violente cette fois
Elle était libératrice.
Ce n’était pas :
« Je suis blessée. »
C’était :
« Je vois l’endroit où j’ai encore cru être définie par le regard de l’autre. »
Le miroir fonctionnait à la perfection.
4. La réputation : le terrain où l’ego tente de survivre
La manière dont il a tenté de se protéger m’a offert un miroir encore plus précis.
Il écrivait.
Il expliquait.
Il justifiait.
Il voulait convaincre.
Il voulait “corriger” l’interprétation.
Il cherchait à sauver son image.
Au début, cela m’a heurtée.
Bien sûr.
Mais très vite, c’est devenu clair :
je connaissais ce mouvement.
Je l’avais déjà vécu.
Moi aussi, dans ma vie, j’ai voulu parfois corriger une incompréhension.
Moi aussi, j’ai essayé de sauver une image.
Moi aussi, j’ai eu peur d’être mal perçue.
Alors il n’y avait plus de place pour le jugement.
Seulement pour la reconnaissance.
Ce n’est pas son comportement qui a changé.
C’est
ma perception
de son comportement.
Et le pardon a commencé à s’installer.
5. De la défense… au dépôt : le retournement intérieur
Je ne vais pas mentir :
au début, j’avais envie de me défendre.
De moi aussi écrire à tous pour reconter ma version.
Le réflexe de répondre,
d’expliquer,
de rectifier,
est très humain.
Mais dans cette agitation intérieure,
une autre voix s’est imposée, très douce, très simple, très claire :
« Tu n’as rien à défendre.
Rien de réel n’a été menacé.
Dépose.
Reviens ici.
Laisse la paix faire son œuvre. »
Cette voix, je l’ai entendue à travers ceux qui m’accompagnent, les persones que je forme, sont devenus mes enseignants a ce moment…
Attends… ne réagit pas… remets au Saint Esprit…
Et l’urgence de me défendre a fondu.
Pas parce que j’ai “choisi d’être sage”,
mais parce que j’ai vu que rien ne me demandait réellement de réagir.
Il n’y avait plus d’attaque.
Plus de menace.
Juste une projection cherchant une sortie.
Et la paix est revenue.
D’elle-même.
elle a commencé a se manifester par une sensation de pouvoir enfin respirer… C’est drôle car j’ai fait lire le brouillon de cet article à un Ami avant de le publier. Je ne parlais pas de cette sensation. Mais lui l’a ressenti en le lisant.
6. Ce que lui aussi avait à pardonner : et la loi profonde du “choix pour deux”
En regardant plus en profondeur, j’ai compris que ce qui se jouait n’était pas seulement mon processus.
Il vivait lui aussi quelque chose de très intense, très intérieur, très humain.
Ce que je voyais chez lui : sa peur, sa confusion, ses réactions parfois impulsives, ce besoin de fuir ou de se défendre. n’était pas une attaque contre moi, mais une tentative sincère de survivre à ce qui se réveillait en lui.
Une tentative de retrouver un semblant de contrôle dans un moment où tout lui échappait.
Et c’est là qu’une grande vérité m’a frappée :
il faisait exactement ce que nous faisons tous quand nos propres blessures s’activent.
Nous chercons :
des outils,
des protections,
des explications,
des rituels,
des lectures énergétiques,
des certitudes,
n’importe quoi pour calmer la peur.
J’ai vu autour de moi ce réflexe instinctif de certaines personnes, dans les milieux chamaniques ou spirituels, lorsqu’elles se sentent menacées : faire des rituels pour “bloquer”, “purifier”, “protéger”, parfois même aller chercher des pratiques plus lourdes parce que l’angoisse semble prendre toute la place.
Et j’ai vu que je n’étais pas différente.
Moi aussi, j’ai parfois consulté des médiums non pas par guidance véritable, mais par peur.
Moi aussi, j’ai cherché des réponses parce que je voulais contrôler l’avenir.
Moi aussi, j’ai projeté mes inquiétudes, cherché des signes, des assurances.
Ce que nous appelons “intuition” est souvent juste notre anxiété déguisée.
Et cela, je l’ai vraiment vu.
Mais le point le plus important est ceci :
dans chaque relation, il n’y a qu’un seul esprit qui décide.
Et chaque instant est un “choix pour deux”.
Cela signifie que :
si je choisis la paix, je l’offre pour deux ;
si je choisis la peur, je l’entretiens pour deux ;
si je refuse de condamner, je retire la condamnation des deux côtés ;
si je pardonne, je libère deux esprits simultanément.
Ce n’est pas poétique :
c’est littéral.
Il n’existe pas “mon” esprit et “le sien”.
Il n’y a qu’un seul esprit qui rêve cette scène.
Et au moment où je refuse d’alimenter le conflit,
au moment où je refuse de répondre à l’attaque,
au moment où je vois l’innocence derrière la forme,
je fais un choix pour deux.
Je libère la perception des deux côtés du miroir.
Ce qu’il n’arrivait pas encore à pardonner en lui,
ce que la situation réveillait en lui,
ce qu’il tentait de gérer par la projection,
c’est comme si la Vie me disait :
« Vois au-delà de sa réaction.
Ce qu’il n’arrive pas à pardonner, pardonne-le pour deux.
Ce qu’il n’arrive pas à apaiser, apaise-le pour deux.
Ce qu’il croit être une attaque, regarde-le avec amour pour deux. »
Et à cet instant, tout s’est retourné.
Il n’y avait plus “lui qui m’attaque”.
Il n’y avait plus “moi qui dois me défendre”.
Il n’y avait que deux parts d’un même esprit cherchant un soulagement différent…
et une seule décision possible :
choisir la paix pour deux.
C’est cela, la profondeur secrète du pardon :
on ne pardonne jamais pour soi seul.
On pardonne pour l’autre.
On pardonne à travers l’autre.
On pardonne pour deux esprits à la fois.
Et c’est ainsi que la relation : même dans la forme du conflit, devient un lieu de libération.
7. Le cadeau caché : une libération inattendue
Ce qui ressemblait à un conflit était en fait une purification.
Une dissolution silencieuse.
Un retournement.
Un apprentissage.
J’ai compris que :
mon innocence ne pouvait pas être touchée,
ma vérité ne pouvait pas être salie,
ma réputation ne disait rien de moi,
et rien de réel n’avait été mis en danger.
La partie douloureuse…
n’était qu’un reste de croyance.
Comme une petite ombre encore attachée à ma perception.
Cet événement est venu dissiper cette ombre.
8. La synchronicité profonde : non pas extérieure, mais intérieure
Je veux reparler de la synchronicité,
Ce qui m’a touchée ces derniers jours,
ce n’est pas le “hasard” d’être dans l’avion en direction du séminaire de Gary.
Ce n’est pas un clin d’œil extérieur.
C’est beaucoup plus subtil que cela.
C’est la sensation profonde que :
ce pardon était mûr maintenant,
cette compréhension devait s’ouvrir maintenant,
ce cycle devait se fermer maintenant,
et la vie a aligné les événements pour que cela devienne évident.
La synchronicité, dans ce sens,
n’est pas un “signe”.
C’est un ajustement intérieur.
Un réalignement doux.
Un mouvement naturel.
Une cohérence qui se révèle.
Comme si la Vie murmurait :
« Tu es arrivée au point précis où ce pardon peut se vivre.
Rien n’est en avance, rien n’est en retard.
Tout est exactement à sa place. »
Compassion, vérité et transiger avec le mensonge
Ces derniers mois, j’ai vu quelque chose de très subtil en moi :
j’ai cru que c’était de l’amour d’accepter la vision de l’autre, même lorsqu’elle venait de la peur.
J’ai cru que respecter son chemin signifiait entrer dans sa perception, la valider, l’adopter pour le rassurer.
Et j’ai confondu compassion et compromis.
Le Cours est pourtant très clair :
on peut respecter quelqu’un profondément sans jamais valider la peur qu’il croit réelle.
Car valider la peur de l’autre, c’est lui dire intérieurement :
« Ta peur a raison.
Le danger est réel.
Tu es vulnérable. »
C’est ce que le Cours appelle faire de l’erreur une vérité, c’est-à-dire confirmer le mensonge.
Et c’est là que j’ai vu mon propre piège :
je n’ai pas validé la peur de l’autre par amour…
je l’ai validée par peur d’être abandonnée.
J’ai confondu :
l’amour avec l’idée de ne pas contredire,
la compassion avec la complaisance,
l’accueil avec l’adhésion,
et la paix avec l’absence de confrontation.
Alors que la vraie compassion, c’est exactement l’inverse.
La vraie compassion dit :
« Je t’aime trop pour croire à ta peur avec toi.
Je suis avec toi, mais je ne renforcerai pas ce qui te fait souffrir.
Je ne valide pas le mensonge, même si tu y crois très fort. »
Et c’est ce que j’aurais dû faire :
rester ancrée dans l’amour,
plutôt que de transiger avec la vérité pour garder un lien,
plutôt que d’entrer dans sa croyance pour être acceptée,
plutôt que de sacrifier la lumière par peur d’être laissée de côté.
La vérité ne transige pas : non par dureté,
mais parce que l’amour authentique refuse de renforcer la peur.
Et aujourd’hui, je comprends que la seule chose qui mérite d’être défendue…
c’est l’amour lui-même.
9. Et un mot sur le Cours… et la non-transigeance de la vérité (douce, mais radicale)
Je vous disait, au dessus, que ces derniers mois, j’ai vu une erreur subtile que je faisais :
Je voulais transiger.
Transiger entre deux visions qui ne parlent pas du même niveau :
la voie rouge chamanique : belle, sincère, mais fondée sur la forme, les outils, la peur de l’attaque, la protection,
et le Cours : qui enseigne un niveau de conscience où la peur n’a jamais existé.
La voie rouge dit :
« Il y a des forces extérieures.
Protège-toi.
Purifie.
Lutte. »
Le Cours dit :
« Rien ne peut réellement t’atteindre.
La peur n’a pas de réalité ontologique.
Tu es en sécurité, même quand tu crois l’inverse. »
Ce ne sont pas deux chemins contradictoires.
Mais ce ne sont pas deux chemins superposables.
On ne mélange pas la peur avec l’absence de peur.
On ne mélange pas le rituel avec l’absence totale de rituel.
On ne mélange pas la lutte avec la paix.
Le Cours ne transige pas.
Mais il n’attaque jamais.
Il n’impose rien.
Il n’accuse rien.
Il dit simplement :
« Viens voir à partir d’un autre niveau.
Je t’attends.
Je marcherai à ton rythme.
Tu n’as rien à craindre.
Jamais. »
Il est intransigeant dans son message,
mais infiniment doux dans sa manière de nous le donner.
L’ego résiste.
Toujours.
C’est sa nature.
Mais la vérité, elle…
ne résiste jamais.
Elle ne fait qu’attendre, patiemment,
que nous la laissions entrer.
Aujourd’hui, j’ai accepté que ma fonction ici n’est autre que le pardon. J’ai hâte de vous écrire après ce weekend avec Gary !






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