Je ne suis pas ce qui n’existe pas
- Alison Sarah

- 13 juil.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 4 août

Cela fait trois fois cette semaine que cette thématique revient dans mes échanges : cette confusion fréquente autour de la non-dualité. Alors j’ai pensé qu’il était temps de vous en faire un article, afin de clarifier ce point qui, bien souvent, freine la compréhension profonde de ce que nous sommes.
Il est en effet courant, sur le chemin spirituel, de traverser une zone de brouillard où l’on confond l’unité avec l’illusion. Où l’on croit que la non-dualité signifie : je suis tout ce que je perçois. Je suis cette table. Je suis ce ventilateur. Je suis mon ombre. Je suis le bruissement des feuilles. Je suis tout ça…
Mais non.
La vérité ne se mêle pas à ce qui change. L’éternel ne fusionne pas avec l’éphémère.
Ce qui change n’est pas moi
Tout ce qui naît mourra. Tout ce qui commence finit. Ce qui est perceptible est déjà en train de disparaître.
Et donc :
Je ne peux pas être ce qui meurt.
Je ne suis pas l’impermanent.
Je ne suis pas ce qui se transforme, ce qui se détruit, ce qui se casse, ce qui se flétrit, ce qui passe, ce qui apparaît ou s’efface.
Je ne peux pas être les objets.
Je ne peux pas être les plantes.
Je ne peux pas être le corps.
Je ne peux pas être l’émotion.
Je ne peux même pas être l’idée de moi.
Ce sont des formes.
Et les formes passent.
Je ne suis pas ce qui passe.
« Tout ce que tu vois ne fait que témoigner de la pensée que tu veux qu’il soit vrai. » (UCEM, L.325)
Je ne suis pas dans le corps : le corps est dans l’esprit
Tant que je crois que je suis un corps, ou que je suis dans le corps, je suis déjà en train de croire que ce qui change est réel. Je me trompe de direction.
En vérité, le corps n’est pas une prison.
C’est une projection.
Un reflet de la pensée de séparation.
Et cette pensée n’est même pas péché : elle est simplement fausse.
Le corps est dans l’esprit.
Comme toutes les choses que je perçois.
Et tant que je les prends pour vraies, je les garde en moi.
Je nourris l’illusion à l’intérieur.
Mais il existe une autre possibilité. Une autre voie. Une autre mémoire.
Dissoudre, ce n’est pas fusionner
Ce n’est pas en disant « je suis cette chaise, je suis cette fleur, je suis ce bruit » que je guéris.
C’est en disant : cela n’est pas moi.
Et je le regarde sans juger.
Sans vouloir l’éradiquer, ni le transformer.
Juste en le voyant pour ce que c’est : un symbole passager, un reflet de rien, une image qui va disparaître.
Et moi ?
Moi, je suis ce qui ne bouge pas.
Je suis l’immobile.
Le sans forme.
L’Incréé.
« Tu n’es pas dans le rêve. Tu rêves le rêve. Et c’est très différent. » (Arten, dans « Et l'univers disparaitra »)
Je ne peux pas être ce qui se décompose.
Je ne peux pas être ce qui s’altère.
Je ne peux pas être ce qui s’éteint.
Et donc, je ne suis pas ce que je vois.
Je suis ce qui voit.
Mais même cela, un jour, je le dépasserai.
Le Tao murmure la même chose
Dans le Tao Te Ching, il est dit :
« Le nom qui peut être nommé n’est pas le Nom éternel.
Ce qui peut être vu n’est pas le réel. »
Ce que je nomme, je limite.
Ce que je vois, je déforme.
Ce que je touche, je perds.
Mais le Tao, comme la Vérité, ne peut pas être saisi.
Car il est. Et il demeure.
Silencieux, sans forme, inchangeable.
De même, dans le bouddhisme, on apprend à ne pas s’attacher aux phénomènes :
tous les phénomènes composés sont impermanents.
Et donc, toute identification à eux est souffrance.
La vacuité ne signifie pas que rien n’existe, mais que rien n’a d’existence autonome.
C’est une autre façon de dire : ce que tu crois être toi ne l’est pas.
Le pardon est la sortie
Le pardon ne consiste pas à justifier ce qui s’est passé, ni à aimer les choses telles qu’elles sont dans le monde.
Il consiste à les voir pour ce qu’elles ne sont pas.
Et à relâcher mon attachement à l’image que j’en ai.
Le pardon est cette lucidité paisible qui dit : ce que je vois ne vient pas de Dieu.
Et donc, ce que je suis n’a rien à voir avec ça.
Je ne suis pas ce corps.
Je ne suis pas cette histoire.
Je ne suis pas cette pensée de peur.
Je ne suis pas ce qui n’existe pas.
Et parce que cela n’existe pas, je suis libre.
Je suis.
Je suis l’Être.
Je suis pur Esprit.
Je suis le Royaume.






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