Transformer nos relations par la reconnaissance de l’amour universel
Nos relations, qu'elles soient fugaces ou profondément intimes, sont des reflets fidèles de notre esprit. Elles nous montrent non seulement nos croyances les plus enfouies, mais également les barrières que nous avons dressées contre l’amour pur, cet amour qui ne distingue pas et ne juge jamais. Mais qu'est-ce que cela signifie vraiment d'aimer sans condition ni particularité ?
L’amour comme essence unique et indivisible
Peut-être pensons-nous qu'il existe différentes sortes d'amour (un amour pour nos enfants, un autre pour nos partenaires, un troisième pour nos amis). Mais dans l’unité de l’esprit, l’amour est un et indivisible.
« Il n'est d'amour que celui de Dieu. Peut-être penses-tu que différentes sortes d'amour sont possibles. Peut-être penses-tu qu'il y a une sorte d'amour pour ceci, une autre pour cela… L'amour est un. Il n'a pas de parties, pas de degrés, pas de sortes, ni de niveaux, ni de divergences. Il est pareil à soi-même, inchangé. » UCEM
Aimer, dans ce contexte, ne consiste pas à peaufiner nos gestes ou nos mots pour une personne en particulier. C’est embrasser l’évidence que, au-delà des apparences, il n’y a qu’un seul Esprit, une seule Source. Cet amour que nous sommes appelle à être révélé à travers nos interactions.
Nos relations, miroirs de l’esprit
Les relations qui nous semblent les plus difficiles (celles avec nos proches, nos partenaires, nos parents) ne sont pas des obstacles à l’éveil. Elles sont des ponts. Elles dévoilent avec une poignante honnêteté les attentes, les jugements, et les besoins que nous projetons sur l’autre. Pourquoi ces relations sont-elles si intenses ? Parce qu’elles révèlent toutes les dimensions de la séparation que nous avons construites dans notre esprit :
La particularité, qui demande reconnaissance et importance.
La culpabilité, qui cherche à être absoute.
Le manque, qui réclame à l’autre de combler nos besoins.
Le temps, qui nous pousse à vouloir tout immédiatement.
Nous nous servons souvent de ces relations pour maintenir une illusion (celle que l’autre pourrait réparer notre sentiment d’incomplétude). Mais, en vérité, chaque friction et chaque conflit sont une invitation à voir différemment.
La relation particulière et la relation sainte
Ce matin, j’échangeais avec ma maman, et elle m’a dit : « Mais c’est quand même beau d’aimer quelqu’un un peu plus que les autres, de ressentir cette connexion spéciale. » Ses mots m’ont frappée. Un peu plus ou un peu moins ? Quelle différence cela fait-il, vraiment ? Cette simple phrase révèle un état d’esprit que nous partageons tous : l’idée qu’il serait normal, voire souhaitable, de mesurer l’amour. Pourtant, chaque fois que nous choisissons de hiérarchiser, de séparer, nous renforçons l’illusion de séparation.
Dans une relation particulière, l’amour est conditionné par des attentes (je t’aime parce que tu remplis un besoin en moi). Le couple en est souvent l’illustration parfaite : des sentiments amoureux naissent et s’épanouissent dans un cadre délimitable.
Mais que se passe-t-il lorsque l’autre ne répond plus à nos attentes ? Ou pire, si l'autre partage de l'amour avec quelqu'un d'autre ? Cela peut sembler insupportable, une trahison de ce que nous pensions être unique et protégé. Pourtant, ces moments révèlent une vérité fondamentale : nous cloisonnons notre façon d'aimer pour nous protéger. Mais de quoi avons-nous peur ? L’amour semble vaciller, menacé par les fluctuations du comportement ou des circonstances.
La relation sainte, à l’inverse, transcende ces conditions. Elle est une décision de voir l’autre tel qu’il est réellement : un esprit uni au nôtre. Elle englobe plutôt que de séparer
« Dans la relation sainte, vous apprenez à reconnaître l’unité que vous partagez avec votre frère. Ce que vous voyez dans cette relation n’est pas deux êtres, mais un seul, uni à Dieu. »
« Dans une relation sainte, il n'y a pas de conditions. L’amour y est entier, car il reflète l’amour de Dieu, qui est parfait et sans limites. »
« Une relation particulière est un moyen par lequel tu essaies de séparer de la totalité certains aspects de l’ensemble et de les considérer comme des unités entières. Une relation sainte, en revanche, est un état d’esprit dans lequel tu inclus tous les aspects de l’ensemble, en les reconnaissant comme tels. »
UCEM
Les cases de l’amour : une illusion limitante
Nous aimons souvent cloisonner l’amour (l’amour fraternel, l’amour romantique, l’amour parental…). Chaque rôle semble imposer des limites à la manière dont nous devons aimer. En plaçant ces barrières, nous cherchons à nous protéger de la vulnérabilité que l’amour inconditionnel exige. Nous avons peur d’être blessés, rejetés ou de perdre le contrôle. Mais en cherchant à préserver une illusion de sécurité, nous nous privons de l’expérience d’un amour qui transcende toutes les limites humaines. Pourtant, en se réduisant à ces rôles, nous oublions l’essence même de l’amour. Dire simplement « je t’aime », sans condition, sans contexte, sans rôle (voilà un acte de libération).
Comme ma maman l’a exprimé, cette idée de connexion spéciale est attrayante. Mais combien de fois choisissons-nous, consciemment ou non, de restreindre cet amour en le liant à des attentes et des obligations ? Et combien de lieux, dans nos vies, deviennent des théâtres où nous préférons le rêve de séparation à la réalité de l’unité ?
Le corps dans la dynamique de séparation
Le corps joue un rôle central dans cette dynamique de séparation. Nous percevons l’autre à travers son corps (ses actions, ses paroles, son apparence) et nous oublions qu’il est bien plus que cela. Cette perception conditionnée par le corps limite notre capacité à imaginer l’unité. Si son corps est près de moi, alors je crois qu’il est avec moi, qu’il m’aime. Si son corps est loin, l’idée « loin des yeux, loin du cœur » s’installe comme une certitude. Nous associons ainsi l’amour à la proximité physique, oubliant que l’amour transcende l’espace et le temps.
Nos propres corps deviennent des instruments de défense, de comparaison, voire de domination.
« Le corps est un outil neutre. Il peut servir l’amour aussi bien que la peur. C’est ton esprit qui décide de son usage. » UCEM
Nous utilisons souvent cette limitation corporelle pour nous protéger de l’amour véritable. Si je cloisonne l’amour dans une proximité physique, je peux éviter d’affronter la vulnérabilité d’aimer sans condition. Mais en réalité, ces barrières physiques et émotionnelles ne sont que des défenses contre une peur plus profonde (celle de l’amour lui-même).
Pour transcender le corps et ses limitations, nous devons nous tourner vers l’esprit. Nos barrières émotionnelles et physiques ne sont que des défenses contre une peur plus profonde (celle de l’amour lui-même). En cloisonnant notre amour, en le limitant à des rôles et des attentes, nous essayons d’éviter l’abandon ou la souffrance. Mais cette stratégie ne fait que renforcer l’illusion de séparation. En reconnaissant que nous ne sommes pas ce corps, mais l’amour qui l’anime, nous commençons à percevoir l’autre de manière similaire. Le corps cesse d’être une barrière ; il devient un canal pour exprimer l’unité.
Les scénarios amoureux : le mental, ce grand scénariste
Pourquoi nous est-il si difficile de déposer le rêve ? La réponse réside dans l’investissement que nous y mettons. Nous accordons à nos scénarios une valeur immense, parfois même un caractère sacré. Ces récits que le mental élabore ne sont pas seulement des histoires : ils deviennent des fondations sur lesquelles nous bâtissons notre identité.
Le mental, en tissant ces récits, nous persuade que le rêve est indispensable pour donner un sens à notre existence. "Je suis cette personne qui aime ainsi, qui souffre ainsi, qui construit sa vie autour de cet autre." Cette narration confère une illusion de sécurité et de signification, mais elle renforce également l’idée d’une séparation entre nous et les autres.
Cette illusion de sacralité est l’un des plus grands obstacles à l’éveil. Nous ne voulons pas transcender ces histoires d’amour, car elles nous semblent trop précieuses, trop essentielles à ce que nous croyons être. Il suffit de regarder le nombre de films sur l’amour et ses drames pour voir que nous "rêvons" littéralement de ces hauts et ces bas, en leur conférant une valeur démesurée. Ces récits, chargés d’émotions et de significations, renforcent l’idée que nous sommes incomplets sans ces expériences passionnées.
L’utilisation du pardon est cruciale ici. Chaque fois que nous nous accrochons à un scénario ou que nous souffrons parce qu’un rêve s’effondre, nous pouvons choisir de remettre cette douleur à l’Esprit. Une idée clé enseignée dans ce cheminement est que "Croire qu'en faisant la même chose, nous obtiendrons un résultat différent est l'empreinte de l'ego." Nous répétons les mêmes schémas dans nos relations, espérant secrètement que cette fois, cela nous apportera enfin satisfaction ou complétude. Pourtant, il s’agit toujours du même piège (une quête insatiable alimentée par une peur de l’amour véritable).
Utiliser le pardon dans ces dynamiques, c’est choisir de regarder au-delà du scénario. C’est reconnaître que l’autre n’est pas la source de notre souffrance ni de notre bonheur, mais un miroir qui reflète nos propres croyances. En remettant ces projections entre les mains de l’Esprit, nous pouvons commencer à voir la relation pour ce qu’elle est réellement : un espace d’apprentissage et de libération.
Voir au-delà des apparences
Aimer dans l’unité, c’est apprendre à regarder l’autre au-delà de ses mots ou de ses actes, au-delà des masques et des rôles. C’est s’arrêter un instant et reconnaître que l’autre porte en lui une étincelle divine, identique à la nôtre. C’est rêver tendrement de cette étincelle et laisser tomber les rêves d’attaque et de séparation.
Ainsi que cela est magnifiquement exprimé :
« Rêve tendrement de ton frère qui est sans péché et s'unit à toi en sainte innocence. Et de ce rêve, le Seigneur du Ciel éveillera lui-même son Fils bien-aimé. » UCEM
Lorsque nous choisissons de voir l’innocence de l’autre au lieu de ses erreurs, nous créons un espace pour que la paix et la compréhension émergent. Ce n’est pas nier nos conflits ou nos désaccords (au contraire, c’est les accueillir comme des opportunités sacrées de transformation).
Transformer nos perceptions
Pour transformer nos relations, nous devons commencer par transformer notre perception. Cela passe par une honnête introspection :
Quels besoins ou attentes ai-je projetés sur cette personne ?
Ai-je cherché à être complété(e) par elle, au lieu de reconnaître ma plénitude innée ?
Quels jugements me séparent de l’amour que je pourrais offrir librement ?
Ce processus demande du courage, car il nous invite à être pleinement responsables de notre expérience. Mais il nous libère aussi : en reconnaissant que l’amour que nous cherchons est déjà en nous, nous cessons de demander aux autres de jouer un rôle impossible.
L’amour qui transcende
L’amour qui transcende ne cherche rien pour lui-même. Il ne se modifie pas en fonction des circonstances ou des comportements. Cet amour est la nature profonde de notre être. Chaque interaction devient alors une opportunité de le manifester :
Lorsque nous cessons de réagir avec peur ou attaque, nous permettons à l’autre de se souvenir de sa propre lumière.
Lorsque nous pardonnons, nous réaffirmons notre unité et notre appartenance à une Source unique.
Aimer tous de la même façon
Aimer tout le monde de la même façon peut sembler une tâche impossible. Après tout, comment établir une relation intime ou une connexion profonde si nous n’accordons pas une place unique à certaines personnes dans notre cœur ? Cette question soulève un paradoxe apparent. Aimer de manière égale ne signifie pas être dépourvu d’attache ou d’affection ; cela signifie inclure chaque être dans le champ de cet amour inconditionnel.
Imaginez que vous regardiez un film et que vous sachiez que tous les personnages, bien qu’apparemment distincts, partagent un même acteur jouant des rôles différents. De cette perspective, vous pouvez encore apprécier chaque interaction unique tout en sachant qu’elle appartient à une unité sous-jacente.
Ainsi, aimer tous de la même manière ne nous empêche pas de nous engager profondément avec certains. Cela nous invite simplement à ne pas exclure les autres, à ne pas fermer la porte de l’amour universel sous prétexte d’un attachement particulier.
Une invitation à aimer sans condition
Aimer chaque personne de la même manière ne signifie pas éliminer les distinctions superficielles de nos relations (parents, enfants, partenaires). Cela signifie simplement que nous regardons au-delà de ces distinctions pour voir la même lumière en chacun. Cet amour universel ne divise pas, il unit.
Dans la pratique quotidienne, cette unité peut sembler lointaine. Nous sommes confrontés à des émotions complexes, à des échanges difficiles. Mais chaque instant offre une chance de choisir à nouveau. Aimer, c’est reconnaître que, au-delà des apparences, nous sommes déjà unis dans l’amour de Dieu.
Conclusion : L’amour comme chemin
En embrassant la vision de l’unité, nos relations cessent d’être des lieux d’attente, de conflit ou de besoin. Elles deviennent des terrains sacrés où nous apprenons à voir au-delà des masques et des rôles, à dépasser les scénarios que le mental écrit sans relâche.
« Par la relation sainte, l’amour de Dieu est rendu visible dans le monde. Elle devient un canal par lequel le ciel peut être connu sur terre. »« L’amour ne fait pas de distinctions. Il est le centre où tous sont unis à Dieu. » Cet amour, qui est notre essence même, transcende les limites imposées par l’ego et les conditionnements du monde. Il ne dépend ni des circonstances, ni des comportements, ni des formes particulières que prennent nos relations. UCEM
Ainsi, aimer devient un chemin vers la reconnaissance de notre unité avec Dieu et avec les autres. Chaque interaction, chaque pardon, chaque regard porté au-delà des erreurs nous rapproche de cette vérité essentielle : nous ne sommes pas séparés, nous sommes déjà complets et unis dans l’amour éternel. L’amour n’est pas un choix que nous faisons pour certains et pas pour d’autres, mais une réalité que nous pouvons embrasser pleinement, ici et maintenant.
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